#ÇAVABIEN

Sans surprise, j’ai troqué mon dernier meeting avec Catherine au profit d’un appel vidéo. “Et si on parlait de la COVID-19?” Évidemment! Comment vous confier une anecdote d’éponges tawashis dans les circonstances actuelles? Hello?! C’est le temps d’écrire du sérieux et du vrai, et la pandémie, c’est du sérieux et du vrai et j’y pense beaucoup ces temps-ci.

Le chum: C’est quoi ça? Le Tupperware avec les épingles à linge autour?

Moi: C’est pour faire des éponges tawashis. Regarde. Je viens d’en finir une.

Le chum: C’est quoi?

Moi: Un autre petit pas vers le zéro déchet

Le chum: Ah bon.

Mon anxiété: Pis si jamais les choses virent vraiment mal, ben on aura pas à dépenser pour des éponges.

D’accord, je n’ai pas pu retenir mon anecdote, mais mes éponges sont vraiment belles et méritent mention. Et puis, c’est une bonne idée pour occuper les enfants, non? Il faut ce qu’il faut pour combattre leur ennui, mais aussi leur anxiété. Du haut de ses huit mois, je ne m’inquiète pas pour la Boulette. La Terre peut arrêter de tourner, elle continue de se faire pousser les dents comme si de rien n’était. Je m’en fais un peu plus pour notre grand. Entre en scène le préado du chum, dont je suis la belle-mère depuis qu’il est tout petit. Pour moi, c’est “Bouli”, même si à 11 ans ça sonne pas trop “stylé”. On se demande beaucoup comment expliquer la pandémie aux enfants. Je m’interroge plutôt quant à notre façon de la vivre devant eux, pour eux, avec eux.

Pour lui, la pandémie c’est l’annulation fort probable du bal de finissants des élèves de sixième année. C’est voir ses amis par écrans interposés. C’est la fin abrupte des cours de taekwon-do. C’est potentiellement ne pas voir sa mère ou son père pendant plusieurs semaines si l’une ou l’autre des familles tombe malade. Lui expliquer tout ça, on l’a fait. Il comprend. À hauteur d’enfant, ils sont là les drames du moment. “Ça va bien aller, mon grand.” Puis, nous passons de la parole aux actes et agissons à hauteur d’enfant malgré nos angoisses d’adulte. Du moins on essaye!

Nous instaurons donc une nouvelle normalité à la maison, afin que ni le virus, ni la peur ne puisse nous atteindre. La famille devient une équipe. Désormais, tous passent le petit coup de balai, réfléchissent aux menus de la semaine, surveillent la météo pour caser la promenade du jour - je ne mentionne pas le rangement les chambres parce que l’optimisme a ses limites - afin qu’ensemble on libère du temps pour jouer. Ça, ça fait du bien à tout le monde. 

Vous savez, la vie des gens normaux n’intéresse personne. On oublie toujours la normalité, mais jamais la peur. Elle gerce l’insouciance qu’il est très difficile de panser par la suite. Bouli sera déçu d’avoir raté le bal de finissants, mais j’espère que nous saurons le protéger contre la peur de la fin du monde pour qu’il se rappelle plutôt du Monopoly qu’on a joué accoutrés de nos chapeaux de cowboys, des innombrables parties de cartes qu’il a remportées, de nos joggings avec la Boulette en poussette, de la pièce qu’il mémorisera peut-être à la guitare. 

Bouli: C’est quoi ça?

Moi: C’est pour les éponges tawashis. Faut découper des vêtements pour les faire.

Bouli: Trop stylé! Je peux découper un chandail de papa?

Moi: Okay, mais c’est moi qui le choisis.

Ça va bien aller, certes, mais peut-être qu’au fond ça va déjà bien.

Au plaisir,

MSBe

P.S. J’ai fait un cache-col pour la Boulette. Elle ne se souviendra de rien de 2020, mais je lui dirai que j’ai tricoté en pleine pandémie ce cache-col que j’ai voulu d’un “vert virus”. 

Catherine: Le vert, c’est la couleur de l’espoir, MS.

Comme quoi tout est question de perception.